Des années folles aux années de crise :1920-1940

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Expositions universelles et modernité

A l'époque de son inauguration en 1893, le casino de Châtelaillon présentait un bâtiment monolithique conçu par Pierre-François Corbineau, architecte en chef de la ville de La Rochelle. Ce n'est qu'à la fin des années 1920 que le casino se convertit à la modernité du siècle avec la conception d'une imposante verrière de métal et de verre construite sur la terrasse Est de l'édifice, procurant un havre supplémentaire pour le café concert et la salle de bal.Cet espace désormais protégé des intempéries permettra aux visiteurs d'accéder à l'atmosphère en vogue à l'époque, celle des lieux de prestige bénéficiant de cette architecture de fer et de verre : les grands magasins, les pavillons des expositions universelles, les passages couverts.
« Du fer, du fer, rien que du fer ! » réclamait le baron Haussmann, alors préfet de la Seine, à l'adresse de l'architecte Victor Baltard à propos du projet des Halles centrales. Gustave Eiffel, un peu plus tard, assurera le couronnement de ce siècle du fer avec la tour éponyme et du verre qui triomphe dans les expositions universelles. D’abord employée pour des raisons techniques, l’architecture métallique est utilisée pour les halles, les gares, les ponts, les passages couverts, les grands pavillons des Expositions Universelles et tous bâtiments de transit.
Le triomphe de l'architecture du verre s'affirme également avec la création des grands magasins. Héritiers des magasins de nouveautés et des passages couverts, dont le dernier à Paris fut ouvert en 1853, les grands magasins sont le produit du spectaculaire développement de la production industrielle et des échanges au tournant du demi-siècle. Le fer et le verre permettaient de couvrir un vaste hall d'une verrière, d'établir de vastes vitrines, de réduire l'encombrement des points d'appui nécessités par plusieurs étages de galeries, de garantir le bâtiment contre les risques d'incendie. Émile Zola, qui admirait l’architecture de fer s’en fait le héraut : «Partout on avait gagné de l'espace, l'air et la lumière entraient librement, le public circulait à l'aise, sous le jet hardi des fermes à longue portée. C'était la cathédrale du commerce moderne, solide et légère faite pour un peuple de clientes (…). Et tout ce fer mettait là, sous la lumière blanche des vitrages, une architecture légère, une dentelle compliquée où passait le jour, la réalisation moderne d'un palais du rêve, d'une Babel entassant des étages, élargissant des salles, ouvrant des échappées sur d'autres étages et d'autres salles à l'infini ».
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1 « Au bonheur des dames » Emile Zola 1883

 

L'exposition universelle de 1937 à Paris : l'annonce des années sombres

La nouvelle verrière du casino de Châtelaillon à la fin des années 1920 consacre l'engouement pour cette architecture du verre qui a trouvé avec les Expositions Universelles en Europe une visibilité internationale. Après le triomphe des expositions universelles de la fin du dixneuvième siècle et du début du vingtième siècle, une autre réalité apparaît.
L'Exposition universelle de 1937, officiellement Exposition internationale des « Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne », qui se tient à Paris du 25 mai au 25 novembre , est la première Exposition organisée en France selon les règles de la Convention de Paris de 1928 sur les expositions internationales C'est également le dernier événement de ce genre à avoir eu lieu à Paris.
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Le face à face des pavillons Allemand et Soviétique n’a pas été prémédité par les organisateurs de l’Exposition, mais la disposition des deux bâtiments à cette place très en évidence dans la géographie parisienne y a nécessairement contribué. La guerre des symboles a d’ailleurs failli ne jamais avoir eu lieu : dans ses Mémoires, Speer assure qu’en apprenant la situation des pavillons, Hitler entendait boycotter la manifestation pour éviter un voisinage aussi déplaisant. L’architecte l’aurait au contraire convaincu de l’intérêt et fait espionner le chantier adverse afin d’affiner sa propre réalisation. Il faut bien sûr faire la part du rôle qu’aimerait s’attribuer l’un des très rares hauts responsables nazis à n’avoir pas été condamnés après la défaite de 1945. Il n’en reste pas moins que seules l’Union soviétique et l’Allemagne sont prêtes à temps pour l’inauguration le 25 mai 1937. 1

 

1 « Duel architectural à l’Exposition universelle de Paris de 1937 » Alexandre Sumpf L'histoire par l'im«age

 

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