La ruée vers les bains de mer : années 1893-1920

La ruee 2023 copie 2

 

A la recherche du grand air

« Une certitude s’impose à la fin du 19 ème siècle, celle d’une asepsie garantie par le grand air. D’où l’avantage des villégiatures : l’éloignement du mal par le soleil, le vent, la lumière, le renforcement des défenses par les séjours à la mer, à la montagne, par les jeux de nature. Le thème focalise, comme en raccourci, nombre de commentaires sur la santé : le plein air « tueur » d’agents infectieux, les jeux « porteurs » de résistance et d’énergie, le voyage chasseur» de surmenage et d’étiolement.  Les nouveaux loisirs ne naissent évidemment pas des seules convictions médicales. Un lent enrichissement social les explique en toute priorité. L’argument sanitaire par contre aide à les justifier. Il leur donne dignité et légitimité. Mer et montagne suggéreraient tout simplement des énergies encore inconnues, profilant d’inépuisables raisons de défense et de protection. » 1
L'engouement pour le voyage à la mer offre, à la fin du dix neuvième siècle, une perspective de développement pour les nouvelles stations balnéaires comme celle de Châtelaillon. La conviction sur la nécessité du «départ» se double d’une foi sur le renouvellement de la santé. Le « pasteurisme », les thèmes renouvelés de l’hygiène publique ont transformé les attentes « régénératives ». Le Larousse médical du début du xxe siècle le dit dans sa langue savante : « L’air est très nuisible aux microbes, parce qu’il les dilue et que la lumière du soleil et les alternatives de dessiccation et d’humidité les détruisent ».?


 

1  https://www.cairn.info/revue-de-la-bibliotheque-nationale-de-france-2009-2-page-4.htm

                                                                                                          

 

 

Domestiquer le littoral

L'histoire de Châtelaillon, avant même sa constitution officielle en tant que commune en 1896, se voit marquée par son rapport à la mer, par sa préoccupation constante de cette préservation du littoral, des biens, des femmes et des hommes qui ont décidé d'apprivoiser au quotidien ce partenaire fantasque capable à la fois d’apporter aux riverains le meilleur et le pire. Il faudra donc composer avec cet élément incontrôlable qu'il faut pourtant s'efforcer de maîtriser pour assurer la survie même de la commune.- « Mais la rudesse de la mer, sur ce littoral Atlantique est toujours dominante à certaines époques de l'année. Les nouveaux propriétaires s'inquiètent, notamment ceux dont les chalets et les pavillons bordent la mer. Dès 1882 il s'organisent et forment le premier syndicat des propriétaires, pour faire construire une digue à leurs frais. L'arrêté préfectoral du 30 Octobre 1882 leur donne satisfaction, les travaux sont confiés aux ponts-et-chaussées de la Charente inférieure. » 1
A Châtelaillon, en cette fin du dix-neuvième siècle, la domestication du littoral sauvage est engagée à la fois pour assurer la protection des terrains habités mais également pour créer un espace nouveau, celui destiné à un loisir en devenir. La digue n'est pas seulement un rempart contre l'océan. Elle sera désormais associée à un mode de vie inédit qui signifie détente, délassement, amusements, repos, vacances... « Le littoral s’est transformé. Il est devenu le front de mer, où se dresse nettement une ligne entre terre et mer. D’une zone répulsive, il est devenu la zone attractive des communes balnéaires. D’un espace en réserve, il est devenu un lieu d’habitation, voire même le lieu idéal d’habitation ». (Johan Vincent).1912 tempete

En 1904 déjà, le rivage de Châtelaillon éprouvait les dangers de la mer. En février tempête et pluie se sont abattus sur toute la Charente. La mer emporte sur une quarantaine de mètres la digue de Châtelaillon. Tout le vingtième siècle sera jalonné de tempêtes et raz de marées restés dans les mémoires. Lors du raz de marée d’août 1912, le Bain des Fleurs fut détruit tout comme les autres établissements édifiés sur la plage. Les cabines de bains Vantadoux installées en 1910 à proximité du casino seront également fracassées par cette tempête. Ces équipements ne seront pas reconstruits et un jardin d'enfants viendra occuper cet espace du domaine public. La population se mobilise pour effectuer le déblaiement des constructions de bois désintégrées par la violence de la mer.
 

1 Guy Renoux (Châtelaillon-plage, sur les chemins de son histoire » 1994)

Ajouter un commentaire