Le temps des méduses

 

C’est en 1946, alors que l’on manquait de cuir, qu’un coutelier auvergnat, Jean Dauphant invente dans le Puy-de-Dôme, une simple chaussure garnie de lanières en PVC. A quelques kilomètres de Thiers Jean Dauphant, installé dans le hameau de Sarraix, franchit une étape supplémentaire. Meduse sun

Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il décide de fabriquer des chaussures en plastique pour satisfaire les énormes besoins des consommateurs. À l’origine, il voulait créer des chaussures de travail, robustes et faciles à entretenir, pour les ouvriers.
Mais très vite, c’est sur les plages que le succès s’est fait, avec le modèle “Sun”, rapidement surnommé “chaussures méduses” en raison de leur aspect gélatineux et translucide.

Le succès est immédiat et les méduses sont devenues un "produit mythique qui traverse les modes et les époques".Plus tard, en 1962, elles sont produites par l’entreprise « Plastic Auvergne », les Dauphant, père et fils, mettent au point une nouvelle version de sandale moulée en monobloc. La sandale, reconnaissable à sa bride tressée, son bout arrondi et sa semelle à picots est pratique et économique. Elle est très vite adoptée par les français qui lui donnent plusieurs surnoms : « méduse » à Paris « mica » aux Antilles, « squelette » en Vendée, « fifi » dans le nord, « nouille » en Auvergne.

Dans les années 70 commencent à surgir des concurrentes moins chères, venues d'Asie ou d'Italie. L'entreprise auvergnate, rebaptisée «Plastic Auvergne», doit se différencier, et multiplie les couleurs de son modèle phare. 

En 2003, Plastic Auvergne fait faillite. Mais ce n'est pas pour autant la fin de la méduse : le groupe Humeau-Beaupréau, fabricant de chaussures dans le Maine-et-Loire depuis 1905, rachète l'outil de production des Auvergnats et dépose la marque «Méduse».

La Méduse est désormais fabriquée au Maroc. 400 000 paires sont produites chaque année et vendues en France métropolitaine, dans les Dom-Tom, en Europe ou encore en Asie. La marque et ses 170 salariés français produisent également, en France cette fois, d'autres modèles, (bottes, ballerines…), toujours en caoutchouc.